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Le 12 Janvier 2020, nous avons organisé, en collaboration avec le conseil citoyen du quartier Levant-Les Tattes, un atelier participatif, étape 3 du projet Solucracy en cours à Ferney Voltaire.

L'atelier a été l'occasion de partager un magnifique moment entre les habitantes du quartier, beaucoup de sourires et d'idées au service de la vie du quartier. Six propositions créatives et réalistes ont vu le jour.

Nous avons utilisé la démarche appréciative, qui a inspiré Solucracy depuis les débuts (grâce à Stéphan !), pour construire l'atelier. C'est d'ailleurs Stéphan, facilitateur en intelligence collective et coach, qui a facilité les échanges de la journée. 

On voulait vous parler de ce qu'on a appris :-) 

Qu'est-ce qu'on appris de cet atelier ?

On sait que même avec toute la meilleure communication du monde, ça ne fait pas forcément venir les gens

Il va nous falloir comprendre pourquoi les gens ne sont pas venus, on va lancer une petite enquête pour comprendre les raisons. On a quelques idées mais on aimerait les valider (ou pas).


La qualité de l’atelier ne dépend pas du nombre de participants

Ce qui s'est passé là était magnifique et va être bénéfique pour le quartier. Peut-être que l'année prochaine, les gens seront plus motivés en voyant le résultat de cette année ?


La démarche appréciative n’est pas complètement adapté à ce qu’on fait

La démarche appréciative s'organise normalement sur deux jours. Le fait de la raccourcir en une journée l'a rendue complexe et intense à comprendre. La première phase d'enquête a permis de poser un socle d'expériences pour construire sur du positif mais pour que ça soit efficace et facile, il faudrait des ateliers beaucoup plus longs. C'était d'autant plus complexe, parce que certaines personnes ne savaient ni lire ni écrire.


On n’a pas encore trouvé le format idéal pour animer un atelier Solucracy

Et on le trouvera probablement jamais, mais on va continuer à chercher :-) . Le forum ouvert parait adapté pour quelque chose de simple à déployer, et c'est suffisamment connu pour trouver des facilitateurs un peu partout, mais si on arrive à ajouter un peu plus de magie...qui sait ?

Avec quoi nous repartons pour le prochain atelier ?

En amont de l'atelier :

  • Décider d'un horaire pas trop long (4h maximum) et choisir un jour adapté à la commune
  • Utiliser des outils d'animation simples et fluides à comprendre
  • Mettre une attention sur le "beau" pour que les gens se sentent bien dans l'espace
  • Préparer l’accueil pour que tout le monde se sente accueilli.e, accepté.e
  • Préciser davantage le rôle de chacun pendant l'atelier
  • Avoir un thème clair, important qui donne le cap et qui parle aux gens
  • Concentrer notre attention sur l'impact de la journée sur les participants vs uniquement sur la création des projets 

Pendant l'atelier :

  • Mettre plus en avant les besoins et l'enquête au début de l'atelier
  • Avoir un temps où les gens se parlent vrai et profond pour créer des liens
  • Avoir un moment de rencontre pour montrer qu’ils sont similaires et qu’ils vivent les mêmes choses
  • Tout faire pour mettre les habitants dans une posture de collaboration et mettre l’attention sur le fait que tout le monde soit inclus quelque soit leur handicap / leurs limites
  • Trouver un équilibre entre la liberté et le cadre (le fait de pouvoir se laisser aller en confiance dans le processus / dans une bulle)

Qu'est-ce qui a bien fonctionné ?

L'organisation de l'atelier

 

L'engagement de l'équipe de pilotage

L'énergie qu'elles ont déployé pour que cet atelier se déroule bien est juste magnifique, et d'après leurs retours, elles ne l'ont pas regretté :-), que ce soit sur la logistique ou la communication. Nous avions tout ce qu'il fallait, voire plus et nous n'avons à aucun moment eu à courir après quoi que ce soit, ce qui était très confortable. Elles ont donné tout ce qu'elles avaient pour faire connaitre l'atelier, afficher, donner des flyers, faire mettre un mot dans les carnets des enfants, mettre de grosses affiches à la sortie de l'école. La seule chose qu'on aurait pu faire de plus est de hurler des slogans toute la nuit.

Sur la durée de l'atelier, on a pris en charge quelques tâches comme l'accueil et la documentation pour qu'elles puissent profiter pleinement de l'atelier et vivre le processus de l'intérieur.

L'attention à la décoration du lieu : "on va les recevoir comme dans notre salon"

Nous avons bien su tirer avantage de notre formation Art Of Hosting, et une attention particulière a été mise sur la préparation du lieu et l'accueil aux participants. Nous avons fait du beau, eu des petites attentions pour que les gens se sentent bien en arrivant. Nous avions également réfléchi à la manière d'intégrer les retardataires pour qu'elles puissent rejoindre le groupe peu à peu.

 

L'animation de l'atelier

L'appropriation du thème : "Ensemble, dynamisons notre quartier pour que chacun ait sa place, s'y sente bien et en soit fier"

Le thème permet de donner une direction vers laquelle les habitants réfléchissent pendant l'atelier. C'est la vision qu'il souhaite de leur quartier. Le fait de travailler le thème avec l'équipe de pilotage en amont de l'atelier a vraiment permis que chacun puisse se l'approprier. Et l'attention particulière qu'a mis Stéphan sur le fait que chacun puisse s'exprimer, parents, enfants, etc... a eu un effet magique. C'est à ce moment que nous avons senti le groupe se souder dans une sorte d'effervescence créative.

La bulle d'énergie du matin et du soir

Nous avons fait un petit exercice avec l'équipe de pilotage en cercle le matin, pour nous énergiser, par le corps, libérer les tensions, et créer l'ambiance de la journée et, un cercle de clôture avec un mot par personne le soir, qui ont contribué à ce que chacun partage son sentiment sur la journée.

L'enquête appréciative du matin

L'enquête appréciative est un moment privilégié pris à deux, où chacun raconte une histoire heureuse et où l'écoute attentive de l'autre permet un partage sincère. Ici, chaque participante racontait un moment dans leur quartier où elle s'est sentie à sa place et fière. C'est toujours magnifique de voir opérer la magie des enquêtes, le fait de partager une anecdote personnelle, d'aider une autre personne à raconter la sienne, puis d'entendre 6 ou 7 histoires qui mettent toutes en lumière les ingrédients d'un quartier où on se sent bien. On se dit qu'on n'a pas besoin de grand chose pour changer le monde.

Des facilitateurs à chaque table

Nous avions 3 tables de 7 à 8 personnes, dans lesquelles une personne était identifiée comme facilitateur. Ce rôle facilitait les échanges dans la table,  et permettait de répondre à l'objectif de chaque séquence et de faire passer un bon moment à chaque participante.

Le vote sur les projets

Un vote par gommette par personne, rien d'original, mais ça ajoute un peu d'effervescence et d'activité en fin de journée quand tout le monde a tendance à s'endormir :-) Et surtout pour permettre de décider des projets prioritaires, ceux que les habitantes aimeraient lancer en premier, pour réduire le nombre de projets et permettre leur mise en oeuvre rapidement et donner à voir aux habitants. 

L'intégration des enfants de plus de 10 ans

Plusieurs enfants ont pu s'investir dans le processus, et participer à chaque étape, enrichissant encore l'expérience pour tous. Intergénérationnel ? Check !

Des pauses libres pendant la journée

A part pour le repas, chacun était libre de prendre une pause au moment souhaité, ce qui a fluidifié le déroulement de la journée, et permis à tous de suivre leur propre rythme.

Nous

Ben oui, on a fait ce qu'il fallait :-) , pour n'oublier personne, prendre soin au mieux de l'équipe. Faudrait pas non plus s'oublier ! Et à Stéphan ! On se rend bien compte de la chance qu'on a qu'il nous accompagne dans cette aventure.  Sa capacité à tenir un cadre bienveillant, respectueux de tous pour que tout le monde se sente en sécurité pour parler est toujours un bonheur à vivre.

 

Les résultats de l'atelier

La qualité des projets qui ont émergé

Sans rien dévoiler, les propositions qui ont été faites sont réalistes, peu coûteuses, respectueuses de l'environnement, des gens, génératrices de lien social, bref, que du bon :-)

L'ambiance générale, le sourire et l'émotion dans les yeux des participants

Il y a eu beaucoup de moments forts, que ce soit au niveau de la reconnaissance du travail des uns et des autres, de la bonne humeur et de belles rencontres.

L'engagement sur les projets

On va voir sur la suite de l'accompagnement si ça a porté ses fruits, mais nous avons mis une attention particulière sur une demande d'engagement "en conscience". De ne pas s'engager sur les propositions pour faire bien, par pression du groupe ou juste porté par un enthousiasme éphémère mais de vraiment réfléchir à notre envie et notre possibilité de le faire.

 

Qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ?

La durée de l’atelier et le jour choisi

Vu qu'on tenait absolument à utiliser la démarche appréciative (qui se déroule normalement sur 2 ou 3 jours), on a du étendre sur 3/4 d'une journée de 10h à 16h, et le jour choisi a été un dimanche puisque trop de gens n'auraient pas été disponibles à la fois le samedi matin et après midi. Ces 2 choix étaient très risqués et ont très probablement impacté le point suivant...

Le nombre de participants

Sans nous compter, 20 adultes étaient présents à cet atelier, ce qui était peu si on considère qu'il y a 1400 personnes dans le quartier... Et, seules des femmes étaient présentes. Un homme, retraité, nous a rejoint pendant le repas, et d'autres nous ont rejoint pour l'apéro :-)

L’accueil du début

Oui ça a à la fois bien marché et pas marché. Il s'agit surtout de ce moment désagréable où on ouvre les portes et personne ne rentre. On a attendu 10h30 avant de commencer en espérant que ça se remplisse plus mais c'était assez inconfortable, particulièrement de sentir la déception des membres de l'équipe. Mais finalement tout s'est bien passé. Les personnes qui étaient là étaient les bonnes personnes.

Manger un repas pendant l’atelier et manger sur les tables d’atelier

Le repas nous a quelque peu déconnectés de ce qui était en train de se passer, et on a pu sentir ensuite qu'il était difficile de s'y remettre. Le fait d'utiliser le même espace avec les mêmes tables a aussi chamboulé un peu l'espace de travail.

L'encadrement de la veille de l’équipe de pilotage (rôle de chacun)

On aurait peut-être pu faire plus pour que chacune s'approprie son rôle, un sorte de revue du déroulé n'était pas forcément suffisant. Il faudrait peut-être quelque chose de plus précis, comme une fiche personnage/responsabilité.

La gestion des enfants

On avait complètement oublié les enfants :-) . C'est la veille que les dames du conseil citoyen ont mentionné qu'il y aurait probablement plus d'enfants que d'adultes. On a donc créé un petit espace avec des tapis de gym, des Kaplas et des feutres, mais le fait de les gérer a coûté beaucoup d'énergie et empêchaient les participantes d'être pleinement investies.


Ne pas avoir d’élu qui fasse tout le processus

C'est dommage qu'aucun élu n'ait pu suivre tout l'atelier. Ils nous soutiennent pour le projet bien sûr et nous ont rejoints au début et à la fin, mais ça aurait été sympa de leur faire vivre le processus d'intelligence collective.
 

 

Flyer ferney

 

Judith Aynes et Yannick Laignel